Des clôtures invisibles sont placées autour de mon jardin et de nos jours, le monde semble inaccessible et rempli d'inquiétudes. À trois pas de ma porte, je regarde tout cela se passer au loin. L'action se déroule dans la nature et vit courageusement au sein de chaque créature à plumes. Le silence est fréquent, et je suis reconnaissant d'enfin entendre l'air. Assise tranquillement au bord de la porte de mon patio, je suis le son d'un oiseau. Il se pose à quelques mètres de moi et son bec capte un long bout de ficelle soufflée par le vent de l'autre côté de la rue. Je me concentre sur son vol de retour vers sa maison et je reconnais son intention. Il construit une maison et la fait sienne.
Son histoire me rappelle avec grâce que ma maison est mon temple; mon abri, une oasis. Même si nous nous sommes sentis impuissants au cours de ces derniers mois, nous avons le privilège de pouvoir porter une attention constante à ce qui vit entre nos murs. Nous pourrions peut-être commencer à distinguer les détails de notre espace de vie. Nous recherchons une originalité, un objet que nos yeux peuvent capturer et qui peut animer une étincelle de confort avec nous. On nous a soudain donné un espace dans notre vie pour rechercher nos éléments favoris. Le temps est exceptionnellement disponible et je choisis d'embrasser le potentiel de mon environnement immédiat.
Un souvenir fait surface; l'espace que j'ai fait dans ma maison pour ma superbe table à dîner. En revivant ma visite à Artemano, je me souviens d'avoir rêvé de la multitude de décorations qui, un jour, occupaient les coins creux de ma maison. Le temps a passé et, jour après jour, j'ai visualisé les trésors que j'avais aperçus et qui ne sont jamais revenus ici avec moi. J'ai enfin eu un moment et la liberté de plonger dans cette mer charmante de pièces bien conçues et d'embrasser anxieusement chaque fragment qui provoquait une lumière de sécurité, de confort et de joie en moi, dans mon temple.
Je pose bientôt les yeux sur des bougies sereines et sphériques qui créent des ombres sur mes murs. Je les imagine en train d'assembler une mer de lumière, récoltant un chemin plus clair rempli d'ambition, comme la plus splendide des symphonies ; un futur proche qui mérite qu'on s'y attarde. Nous avons choisi de construire notre nid, tout comme les oiseaux. Nous nous entourons instinctivement de ceux que nous aimons, mais comme nous avons tous été mis à l'écart ces jours-ci, notre territoire quotidien est devenu de la plus grande importance ; nous ne l'avons jamais vu venir.
Je brise les barrières invisibles qui m'entourent, car j'ai donné à mon espace présent les soins qu'il méritait invariablement. Nourrir notre environnement semble plus nécessaire aujourd'hui qu'il ne l'a jamais été. Ce qui illumine notre maison illuminera notre vie. Je ne suis plus bouleversé par ce silence soudain, car le son de la lumière des bougies embellit toute émotion troublante que j'ai pu ressentir.
Nous nous sentons peut-être un peu perdus, mais la bataille sera gagnée par la lumière dans notre propre sanctuaire, nos maisons et nos temples.